Réchauffement climatique en Australie : la catastrophe avait déjà commencé en 2019 (extrait livre Étonnante Année 2019 chapitre X)
Les terribles incendies en Australie provoqués par une vague de chaleur exceptionnelle font la une des médias depuis le début de l’année. Face à ces tragiques conséquences du dérèglement climatique, la planète entière est rentrée en compassion avec le peuple australien. Mais cela fera-t-il bouger les lignes sur la prise en compte du réchauffement climatique? Rien n’est moins sûr comme l’illustre le récit ci-dessous. Le climat avait déjà commencé à faire des siennes en Australie en 2018 et 2019. Vague de chaleur, inondations, le pays avait déjà connu un cataclysme venu du ciel début 2019 au Queensland mais a choisi de réélire un 1er ministre largement climato-sceptique. Étonnante Époque revient cette semaine un an en arrière en 2019 avec ce récit sur le réchauffement climatique et ses conséquences en Australie.
Le récit suivant est un extrait du livre Étonnante Année 2019, en savoir plus sur le livre
L’Australie le pays du charbon un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre par habitant
Australie Queensland février 2019 – Le pays est l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre par habitant, au même niveau que les Etats Unis (avec 16 tonnes de CO2 par habitant). Il faut dire que les ressources naturelles présentes en abondance dans cet état-continent quasi-vide n’incitent pas vraiment les Australiens à la sobriété énergétique.
Le pays est notamment le 1er exportateur mondial de charbon. C’est en effet pour lui une source considérable de revenus (plus de 40 milliards de dollars chaque année). Cela explique largement le climato-scepticisme d’une grande partie de la population australienne et notamment de son 1er ministre Scott Morrison fervent défenseur du charbon. A l’occasion de la Saint-Valentin, il a d’ailleurs symboliquement offert à sa femme en guise de pierre précieuse un morceau de charbon.
Jusqu’à 2019, la lutte contre le réchauffement climatique n’a donc pas vraiment été jusqu’à présent prioritaire en Australie. Pourtant le pays fait face depuis quelques années à des dérèglements climatiques majeurs. C’est notamment le cas dans l’Etat du Queensland (quart Nord-Est du pays). Ce dernier connaît depuis 6 ans une sécheresse sans précédent mettant habitants et cheptel de cette province agricole à rude épreuve.
Février 2019 hécatombe au Queensland
L’année 2018 y fut particulièrement rude. Elle fut notamment marquée par de nouveaux records de température, contraignant les fermiers du Queensland à de drastiques rationnements d’eau et même à l’abattage d’une partie de leurs troupeaux. Avec des températures moyennes en décembre proches des 40°C et de forts vents, elle se termina dans la chaleur et la douleur avec déjà gigantesques feux de forêt.
C’est alors, début février, que les moussons arrivent sur le Queensland. L’Etat est habitué à ces pluies diluviennes saisonnières. Mais elles s’abattent cette année avec une violence jamais vue depuis au moins un siècle. En 10 jours, ce sont des précipitations entre 80 cm et 2 mètres d’eau qui tombent en différents endroits de la province provoquant des inondations sans précédent. Les pluies s’abattent sur une terre complètement asséchée par les chaleurs précédentes. La terre se transforme alors brutalement en limon boueux. De nombreux animaux se retrouvent pris au piège, incapables de s’extraire de cette boue pour aller se nourrir.
Quand l’eau se retire, elle laisse place à un spectacle de désolation. Sur des kilomètres, des carcasses de bovins jonchent les paysages. Il flotte comme un air de fin du monde. Le bilan de cet épisode de mousson est terrible. On estime à près de 500.000 le nombre de bovins morts, tragique carnage! Cet épisode n’est pas sans me rappeler la 5ème plaie d’Egypte “tous les troupeaux égyptiens moururent”. Avertissement divin devant notre inaction face au réchauffement climatique ?
Une prise de conscience brutale en 2019 des conséquences du réchauffement climatique
Ces événements provoquent un électrochoc dans la population australienne abasourdie par une telle catastrophe. La prise de conscience est brutale. Le débat sur le réchauffement climatique s’invite alors au cœur de la campagne électorale pour les élections législatives du mois de mai. Bill Shorten le candidat travailliste s’empare du sujet. Il démarre la campagne en favori des sondages face à un gouvernement sortant largement inactif sur le thème du climat. Il déclare : « nous allons envoyer ce message au monde : lorsqu’il s’agit du changement climatique, l’Australie est de retour dans la bataille». Son programme prévoit une réduction massive des émissions de gaz à effet de serre de 45% à l’horizon 2030.
Scott Morrison, son rival sortant, indique que son pays respectera ses engagements internationaux pris dans le cadre de l’accord de Paris. Mais pas plus : « cela ne doit pas mettre en péril l’avenir économique de nos enfants ». L’homme est teigneux. Il mène une campagne agressive sur le terrain économique en présentant le coût des propositions fiscales et environnementales de son rival comme extrêmement risqué pour l’économie nationale.
La victoire électorale de Scott Morrison en 2019 ou le déni du réchauffement climatique en Australie
Il concentre tout particulièrement sa campagne sur le Queensland. Il y insiste lourdement sur les conséquences économiques de la politique anti charbon prônée par son opposant ; avec au cœur du débat, l’autorisation ou non de l’exploitation de la mine de charbon de Carmichael, par la compagnie indienne Adani, de ce qui deviendrait la plus grande mine de charbon au monde.
Au final après une campagne musclée, coup de théâtre, Scott Morrison l’emporte sur le fil. Il qualifie lui-même cette victoire de « miracle » déjouant les pronostics de tous les sondages. Cette victoire n’est pas sans rappeler celle de Trump contre Hillary Clinton. Parmi les résultats surprise du scrutin, une nette victoire dans le Queensland qui lui a procuré 3 des 5 swing seats de la victoire.
La 5ème plaie d’Egypte en attendant la 6ème
J’ai écrit ce texte en juillet 2019. Je n’imaginais alors bien entendu pas la tragédie de début 2020. La conclusion de ce chapitre était malheureusement tristement prémonitoire. L’Être Humain est décidément têtu. La 5ème plaie d’Egypte n’avait pas suffi à convaincre Pharaon de laisser partir le peuple d’Israël. Il en aura fallu 10. La terrible hécatombe des bovins du Queensland a permis d’éveiller les consciences australiennes mais n’aura pas été suffisante. En attendant la 6ème plaie…
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Cher Rédacteur. Sans remettre en cause le réchauffement climatique, mettre sur le même plan l’Ancien Testament et la mort des koalas dans les forêts d’eucalyptus me semble excessif. Et si vous avez fait l’expérience de mettre une branche d’eucalyptus dans une cheminée, il faut bien considérer également que l’écosystème australien est plus sensible aux incendies que celui auquel nous sommes exposés sous des latitudes plus tempérées. Un peu comme comparer une forêt méditerranéenne à une forêt de feuillus.
M. le Prof Rolin. Je crois pour trancher cette « querelle » qu’il nous faut revenir au texte biblique.
– Concernant la 5ème plaie « Tous les troupeaux des Égyptiens périrent […] — Exode 9,1-7 » . L’analogie avec les événements du Queensland et leurs 500.000 bovins morts me semble indiscutable.
– Concernant la 6ème plaie « Ils prirent de la cendre de fournaise, et se présentèrent devant Pharaon ; Moïse la jeta vers le ciel, et elle produisit sur les hommes et sur les animaux des ulcères formés par une éruption de pustules. […] » Exode 9,8-12. Il semble effectivement que les australiens ne soient pas à cette heure victimes d’éruptions de pustules.
Pour terminer, je dois dire que je suis profondément choqué par la légèreté avec laquelle vous parlez de l’hécatombe chez les koalas!!!