Dans ma famille nantaise, j’ai été élevé dans le beurre, demi-sel de préférence. Profession de mon grand-père, on le retrouvait à table avec frites, le melon, une vraie culture du pain-beurre ou plutôt du beurre au pain. Vous imaginerez donc aisément qu’une terrible angoisse s’est emparée de moi quand j’ai entendu parler de pénurie de beurre. Avant de chercher à me comprendre, je me suis précipité dans mon Monoprix pour refaire mes réserves. Il était maintenant temps de mener l’enquête sur cette soudaine défaillance de nos vaches hexagonales. J’avais le pressentiment d’une énième querelle entre agriculteurs et grande distribution. Je n’avais pas pensé que la mondialisation s’y mêlerait également.
LE BEURRE C’EST FINALEMENT BON POUR LA SANTÉ
Le beurre a le vent en poupe. Les nutritionnistes ont finalement donné raison à mes aïeux. Le beurre, consommé avec modération, c’est aussi bon pour la santé. Résultat : Mac Donalds a abandonné l’horrible margarine pour la remplacer par du bon beurre et la demande explose aux États Unis. Et puis les Chinois se sont mis aux produits laitiers : le yaourt pour ses vertus en termes de santé, puis maintenant le beurre. Ils importent massivement ces produits suite à des scandales sanitaires à répétition sur leurs filières locales. On a ainsi vu des industriels chinois débarquer et investir dans des usines de lait dans les exotiques bourgs d’Isigny ou de Carhaix. Ces nouveaux marchés tombent bien, à un moment où la filière laitière française est profondément bouleversée par l’imprudente libéralisation du marché décidée par l’Union Européenne. On se souvient de la grogne des éleveurs contre Lactalis.
Au final, la consommation de beurre au niveau mondial augmentera cette année de près de 5% quand la production est-elle plutôt en baisse. Loi basique de l’offre et de la demande : le cours du beurre a explosé passant de 2500€ par tonne à 7000€ par tonne entre le plus bas, en mars 2016, et maintenant. Si on avait dit à mon grand-père qu’il y aurait un jour un cours mondial du beurre à la tonne !!! Pas facile de monter la production car en faisant du beurre, on fait aussi de la poudre de lait et nous croulons sous les excédents de poudre de lait. Ça devient trop technique, je m’arrête là.
BRAS DE FER ENTRE TRANSFORMATEURS ET GRANDE DISTRIBUTION
Revenons maintenant dans notre petit Hexagone . Le prix de la plaquette de beurre de mon Monoprix n’a pas vraiment bougé. Les distributeurs français refusent toute évolution des prix de leurs marques de distributeurs en cours d’année. Du coup les transformateurs les contingentent préférant exporter leur beurre à de clients qui acceptent de payer. Avec le sens légendaire du dialogue de notre beau pays, la situation est bloquée et les rayons se vident. Les agriculteurs dénoncent une pénurie artificielle générée par ce conflit dont ils risquent à nouveau d’être les dindons de la farce.
Comme toujours, il n’y a certainement pas les méchants distributeurs et les gentils producteurs et transformateurs. On peut simplement constater que les distributeurs, pour gagner leur bras de fer, sont prêts à priver les consommateurs de produits. La pression médiatique devrait permettre d’aboutir rapidement à des compromis. Mais en arriver là montre un système à bout de souffle. Quelle belle publicité pour les filières courtes !!!
Cette plongée dans le monde du beurre m’a affamé. Il est grand temps d’aller se faire une petite tartine moitié beurre, moitié beurre-miel.
(En écho à cet article, je bois désormais du lait qui rémunère au juste prix son producteur. À 0.99€ / l, un vrai produit équitable pas seulement pour les bobos. Je consacre un article complet à cette nouvelle marque « c’est qui le patron ». Site officiel de la marque : https://lamarqueduconsommateur.com.
Mise à jour du 10 mars 2018 :
Le Beurre a retrouvé le chemin des rayons et les négociations 2018 semblent s’être déroulées dans un climat plus constructif. « Aujourd’hui, aucun distributeur ne propose d’acheter moins cher les produits laitiers en 2018 qu’il ne les a payés en 2017. C’est un fait », a indiqué André Bonnard, secrétaire général de la Fédération des producteurs de lait (FNPL), lors d’une conférence de presse au Salon de l’agriculture à Paris. «Les négociations commerciales dans la filière laitière, visiblement, ne se sont pas déroulées tout à fait dans le même état d’esprit que dans les autres filières », souligne André Bonnard, évoquant un « effet États généraux ».
Je pense qu’il y a une diminution de la consommation de beurre en france avec l’émergence d’une alimentation végétarienne et de plus en plus Vegan.
Donc la crise du beurre provient bien de l’étranger..
Moi-même j’ai consommé beaucoup de buerre dans ma jeunesse et j’avais ralenti considérablement a cause du cholestérol et j’ai repris tout récemment pour fabriquer mon Ghe et j’ai vu l’augmentation du beurre que achetais de plus 50%, ca fait le même coup que le miel, c’est juste du business, pour faire plus de profit sur un marché en expansion en asie …
Il faut rajouter un suicide par jour chez les agriculteurs endettés, à qui profite le crime ?