Je n’ai longtemps vu aucun intérêt aux réseaux sociaux. Je n’ai pas de compte Facebook. Je n’en ai jamais ressenti ni le besoin, ni l’envie. J’ai vécu son émergence comme une étrangeté. Je n’aime pas beaucoup Twitter où je ne suis guère, surpris que l’invective l’emporte sur le plaisir du bon mot. J’aurais pu m’y amuser mais je n’ai pas pris le train au départ. Quant à Instagram, j’écoutais jusqu’à présent avec une certaine distance les comparaisons entre ma fille et ses amies sur leur nombre de « followers ».
Je suis depuis longtemps sur le réseau professionnel LinkedIn. Je me suis mis récemment à y écrire quelques posts avec des objectifs pragmatiques : faire connaître des initiatives clés de mon entreprise, les valoriser à travers mon réseau et auprès de nos clients et puis au passage, un peu de « personal branding » ne fait pas de mal. Je suis un converti tardif aux réseaux sociaux. Ce qui suit semblera sans doute banal aux aficionados de Facebook de la première heure ou aux jeunes de la génération Z mais je n’ai jamais entendu personne en parler ouvertement.
J’ai d’abord découvert qu’un post atteint sans trop de difficultés plusieurs milliers de vues. Je me suis donc pris au jeu. J’ai commencé à compter avec gourmandise les « Likes » comme autant de « on t’aime ». J’ai éprouvé des frissons à chaque franchissement d’un nouveau millier de vues. Je me suis mis à regarder compulsivement plusieurs fois par jour l’évolution du nombre de vues d’un post : plus 200 vues la dernière heure, yes !!!!!
J’avais écouté avec un léger mépris Bernard Pivot se féliciter de ses 700.000 followers sur Twitter. J’y avais vu l’orgueil d’une vieille célébrité qui s’accroche un peu tristement à une gloire passée. Je comprends mieux sa fierté. Les concepteurs des réseaux sociaux ont bien compris les faiblesses de l’être humain, notre besoin infini de reconnaissance pour échapper à notre finitude et ont su l’exploiter. Cela me rappelle ce vieux refrain « À Cash City, tout le monde veut que tout le monde l’aime mais personne n’aime tout le monde, tout le monde veut que tout le monde l’aime mais personne, personne n’aime tout le monde…. ».
Je serai désormais généreux en « Like ».
Et quand on devient généreux en like, on dérive vite vers liker sans même lire ce qui a été écrit; alors moi je conseille plutot le commenter ! (sans compter que ca améliore plus la visibilité de ce qu’on commente qu’un like, et que donc ca augmente encore plus vite le nombre de vues !!!).