E-sport

Thèse, antithèse, synthèse : on n’échappe que difficilement à la formation à la française. Après la série sur le jeu vidéo Pokemon Go, je vous avais proposé une série sportive sur le running. Je vous propose un article sur la synthèse entre sport et numériquel’E-sport. Le jeu vidéo est l’une des activités favorites des jeunes des cinq continents. Sa forme compétitive, l’E-sport, est en plein essor et est d’emblée mondialisée. En E-sport, les coréens sont imbattables. Je vous emmène pour une plongée dans l’univers du gaming. Le sujet est méconnu. On y retrouve les joies et les excès de notre étonnante époque.

L’E-sport un véritable sport avec ses propres règles

Commençons par une définition donnée par Wikipedia : le sport électronique (en anglais esport ou e-sport pour « electronic sport ») désigne la pratique sur Internet, ou en LAN-party, d’un jeu vidéo seul ou en équipe, par le biais d’un ordinateur ou d’une console de jeux vidéo. Cette pratique prend donc son essor à la fin des années 80, et compte aujourd’hui plusieurs millions de pratiquants en compétition dans le monde.

S’agit-il d’un vrai sport ? Je ne m’attarderai pas trop sur ce thème. Certes, l’effort physique et la performance athlétique ne sont pas de la même intensité que ceux du 800 mètres de Pierre Ambroise, mais les champions s’entraînent 8 à 10 heures par jour avec des coachs et de véritables programmes d’entraînement. On se rapproche de discipline comme le tir à l’arc ou les sports automobile.

Un jour le E-sport olympique?

Pour moi, le débat est déjà tranché. Vous retrouverez donc tout naturellement une rubrique dédiée sur le site de l’équipe. Le PSG a son équipe d’E-sport. L’ampleur du phénomène est telle que la question est désormais de savoir si l‘E-sport a sa place aux Jeux Olympiques. Le président du CIO dit que les jeux vidéo sont pour l’instant trop violents. A court terme l’E-sport ne sera pas Olympique. On voit que l’objection est faible. La question n’est plus si, mais quand…

Des retransmissions à la télévision ou sur Internet

Plongeons donc de manière plus concrète dans le monde de l’E-sport. Pour cela, allons faire un tour sur le site du PSG Esport. Immergez-vous brutalement en regardant l’une des vidéos. Ce qui est frappant, ce sont les commentateurs d’abord : on se croirait dans un banal match de foot où les commentateurs s’enflamment en continu. Il y a une place à prendre pour devenir le « Grégoire Margotton » de l’E-sport (j’ai failli écrire le Gérard Holtz ou le Jean-Michel Larqué mais il faut vivre avec son temps).

Et puis ensuite on n’y comprend rien. Mots employés, déroulé de l’action, vous assistez à une scène à laquelle vous ne comprenez rien. Mais comme me le dit ma petite dernière, c’est comme le tennis à la télévision, on n’y comprend rien. Pour goûter à l’E-sport, il faut en connaître les règles. Pour l’apprécier vraiment, il faut avoir joué soi-même au jeu que vous regardez. Encore un point commun avec le sport traditionnel.

La plateforme Twitch qui retransmet en streaming des jeux vidéo amateur comme E-sport connaît un succès phénoménal. Rachetée pour 1 milliard de dollars par Amazon en 2014, elle attire aujourd’hui plus de 15 millions de visiteurs uniques par jour.

De véritables champions à défaut d’être des athlètes

Je suis moi-même un joueur amateur de Clash Royale. Pour poursuivre ma découverte du monde de l’E-sport, j’ai donc regardé des tournois du jeu. L’E-sport s’est tout de suite approprié le Web. Vous trouverez sur Youtube des dizaines de vidéos, visionnées parfois plusieurs millions de fois.  Surprise (mais qui n’aurait pas dû l’être), les champions sont jeunes, voire très jeunes. Ils sont tous « Digital native », plutôt de sexe masculin, souvent chétifs et boutonneux. Désolé les filles, le champion gamer n’est pas vraiment un athlète.

La partie commence. Les visages se ferment. Et là je prends une claque. Le placement des troupes est millimétrique. Les combinaisons sont parfaites et surtout la vitesse de réaction ahurissante. La dextérité des joueurs se mesure : on parle d’APM (actions par minute soit le nombre d’actions qu’un joueur peut réaliser en une minute. Cela monte à 500 (+ de 8 par secondes) pour les meilleurs, quant un pauvre amateur comme moi atteint péniblement les 120. J’éprouve la même sensation que devant un match de tennis à Roland Garros. Ce sont bien des champions. L’issue se joue souvent au mental, à coup de bluff ou d’intox.

La Corée, le pays du E-sport

Les meilleurs gamers sont asiatiques. L’E-sport s’est d’emblée mondialisé ignorant les frontières. Le pays le plus fou est la Corée du Sud. Les coréens pratiquent l’E-sport avec le même sérieux et le même excès que la compétition scolaire.

Starcraft ou league of legends y sont joués par des millions de joueurs dans des « PC bangs », de gigantesques cyber-cafés low cost dédiés au jeu en réseau. Les meilleurs gamers se sont regroupés en équipes sponsorisées par les grands conglomérats sud-coréens. A l’instar des agences de K-poples sponsors mettent à leur disposition des gaming houses où, nourris et blanchis, ils passent plus de 10 heures par jour à s’entraîner sous les conseils de coachs et d’analystes.

Les équipes coréennes sont ainsi imbattables dans les compétitions par équipe. Elles ont une véritable avance dans la coordination collective qui leur permet de punir l’adversaire à la moindre faille. Mais gare à la blessure ! Si le champion ne s’échauffe pas correctement avec des exercices de dextérité au clavier, le syndrome du canal carpien le guette. Certains joueurs opérés montrent leurs cicatrices avec fierté. Et oui, l’E-sport demeure avant tout un sport masculin (plus de 90% des gamers). Il faut donc bien que la testostérone parle.

En Corée, des compétitions dans les plus grands stades du pays

Les compétitions remplissent les plus grands stades du pays et sont retransmises à la télévision. Les joueurs arrivent sur le plateau dans une mise en scène à l’américaine digne des combats de boxe. Mais alors me direz-vous : qui est le Neymar coréen de l’E-sport ? Il existe et s’appelle Lee Sang Hyeok, alias FAKER, capitaine de l’équipe SKTelecom de League of Legends, avec qui il a signé un contrat de 2.5 millions de dollars. Il a la modestie chevillée au corps : « Mon nom est Lee Sang-hyeok. Mes fans américains m’appelle « Dieu ». Mes fans coréens, « l’Invincible Roi Démon ». Mais je préfère « Dieu », parce que ça me semble un tout petit peu plus imposant. Dans le jeu, je suis simplement « Faker ». Les chinois cherchent à le faire venir dans leurs équipes mais il a pour l’instant résisté à leurs sirènes.

E-sport en Corée : dopage et paris doûteux

L’argent commence donc à couler à flot dans l’E-sport coréen. Il apporte généralement avec lui son flot de scandale. L’E-sport coréen n’y échappe pas. En 2015, 9 joueurs ont été interpellés pour avoir fait exprès de perdre des matchs faisant l’objet de gros paris contrôlés par la mafia coréenne. Fort de cette découverte, j’ai tapé sur Google « dopage, E-sport, Corée » et là bingo. Les psycho-stimulants à base d’amphétamines semblent être monnaie courante avec jusqu’à présent une absence de contrôle à rendre jaloux les cyclistes.

Revers de la médaille, l’addiction aux jeux vidéo est aussi devenue un fléau national. Face à la multiplication d’adolescents passant leurs nuits sur les jeux vidéo, le gouvernement coréen a mis en place la loi dite de Cendrillon en novembre 2011 qui est en quelque sorte un couvre-feu. Ainsi, tous les joueurs de moins de 16 ans sont automatiquement déconnectés à partir de minuit jusqu’à 6 heures du matin. Tous les jeunes joueurs disparaissent aux douze coups de minuit.

Envie de vous plonger dans  l’univers du E-sport ? Allez faire un tour dans le 11ème arrondissement au Meltdown Paris, l’antenne parisienne de cette chaîne de bars spécialisée dans l’E-sport fondé par une française, et désormais présente dans une petite dizaine de pays. Vous me raconterez votre expérience.

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