Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi! Tu ne vas pas faire un article sur le coronavirus. On entend déjà suffisamment de « coronneries » toute la journée. Oui mais en même temps, répondit la partie macroniste de mon cerveau, il n’y a pas vraiment d’autres sujets en ce moment. Ton projet d’article sur les coworkings ou les tiny house paraîtra bien inintéressant si dans une semaine nous sommes tous en quarantaine. Et puis, tu n’as vraiment rien d’intéressant à dire sur l’affaire Polanski. Face à un tel argumentaire bulldozer, je ne pouvais résister. Et puis le coronavirus est aussi un révélateur de notre Etonnante Epoque!!! Je vous propose donc d’essayer de prendre un peu de recul et de décrypter quelques unes de nos peurs du moment.
« C’est la plus grande épidémie de l’histoire de l’humanité »
Notre Étonnante Époque a la mémoire bien courte. Les progrès de la médecine ont largement éradiqué les épidémies et nous avons oublié la terrible angoisse dans laquelle vivaient nos aïeux de ces terribles moments. Oui mais me direz-vous, nous vivons aujourd’hui sur une planète mondialisée. La diffusion de l’épidémie est ultra-rapide. C’est donc nécessairement beaucoup plus grave. Une petite plongée dans nos livres d’histoire permet tout de suite de relativiser.
Les maladies n’ont pas attendu notre époque moderne pour faire le tour du monde. Entre 1347 et 1352, la grande peste noire tue entre 30 à 50% de la population européenne. Elle fait environ 25 millions de victimes. Plus récemment en 1918, la grippe espagnole provoqua plus de 50 millions de morts dans le monde entier (plus que la guerre de 1914-1918). J’ai redécouvert les terribles chiffres de cet épisode quasiment oublié de nos livres d’histoire. Moralité : sans nier la gravité du coronavirus, il convient d’en relativiser l’impact. Pour nous aider à garder notre sang froid, relisons ce chef d’oeuvre qu’est la Peste d’Albert Camus.
« Le coronavirus c’est la révolte de Gaïa la Terre face au méchant pollueur chinois »
A la fin des années 70, 3 chercheurs anglo-saxons menés par le climatologue anglais James Lovelock formulent l’hypthèse Gaïa selon laquelle « la Terre serait un système physiologique dynamique qui inclut la biosphère et maintient notre planète depuis 3 milliards d’années en harmonie avec la vie. » Selon cette théorie scientifico-humaniste, l’ensemble des êtres vivants sur la Terre forrmerait un super-organisme qui réaliserait l’auto-régulation de ses composants pour favoriser la vie.
A l’occasion du coronavirus, la théorie Gaïa revient sur le devant de la scène dans sa version complotiste. Gaïa en colère face aux méchants pollueurs chinois aurait activé ses mécanismes d’auto-défense en leur envoyant le coronavirus.
Il est notable de voir que le déclenchement de l’épidémie n’a déclenché aucune réaction compassionnelle avec l’Empire du Milieu. Pas le moindre concert de rock stars, pas la moindre collecte de fonds pour aider les Chinois. Bien au contraire, on a vu dans les premiers jours de la crise l’apparition d’une méfiance anti-asiatique hallucinante, un vrai racisme. Il faut voir avec quelle délectation les médias diffusent les cartes de la baisse de la pollution dans l’empire du milieu.
Cette figure d’une puissance divine punissant l’homme de ses turpitudes n’est pas sans rappeler la mythologie ou l’Ancien Testament, du déluge de l’Arche de Noé à la destruction de Sodome et Gomorrhe. Ce rapport archaïque à la divinité a largement disparu de nos sociétés. La voir réapparaître à l’occasion de cette épidémie du coronavirus montre comment nous avons mal aux conséquences des excès de la mondialisation.
« Le coronavirus c’est le début de l’effondrement, on n’arrivera jamais à guérir »
Pas très éloigné des tenants de la vengeance de Gaïa, il y a le collapsologue. Il s’époumone depuis des années à prévoir l’effondrement de notre civilisation. Il s’est fait construire un abri anti-atomique dans le Larzac pour se réfugier en cas de catastrophe nucléaire. Et là, il exulte. Le coronavirus marque le début de la fin, il nous avait pourtant averti.
N’étant pas médecin, je ne porterai pas de jugement sur la gravité de la maladie. Elle semble en tout cas plus contagieuse et plus grave que la grippe saisonnière. Mais si nos ancêtres étaient impuissants face aux terribles épidémies, la science nous apporte beaucoup d’espoir. La mobilisation scientifique mondiale est impressionnante par son ampleur.
La course au traitement entre les laboratoires mondiaux est lancée. Chaque jour apporte de nouvelles pistes de traitement et de vaccin (curieusement les sceptiques du vaccin se font moins bruyants en ce moment!!!) et la question n’est pas de savoir si nous trouverons mais quand nous trouverons et on sait que c’est probablement d’ici la fin de l’année.
En complément, l’intelligence artificielle est venue au secours des états dans la gestion de la crise. Une IA mise au point par le chinois Alibaba permet de détecter si un patient est infecté en 15 secondes quand un système de diagnostic traditionnel met lui 15 minutes. Une IA de la société canadienne BlueDot spécialisée dans la détection d »épidémie avait d’ailleurs détecté dès le 31 décembre le sujet, plus d’une semaine avant l’alerte de l’OMS.
La peste noire avait ravagé l’Europe pendant 5 longues années. Nous aurons au plus quelques mois de grandes difficultés. Le bilan sera lourd mais la maladie ne provoquera pas l’effondrement, nos peurs peut-être!!! Les marchés boursiers sont en panique. La crise économique nous guette peut-être.
« Avec le coronavirus, il doit bien y avoir un moyen de quand même gagner de l’argent »
Du côté des bourses mondiales, c’est la grimace. Mais certains plus malins ne désespèrent pas de faire une bonne affaire. On a donc vu se multiplier les articles dans les journaux sur les valeurs boursières gagnantes en cas d’épidémie. Depuis début janvier, l’action Netflix a bondi de plus de près de 10% : la saison 4 de la Casa de Papel tomberait à point nommé si nous devions nous retrouver en quarantaine. Idem pour Zoom la solution pour des réunions en visio-conférence. Certaines valeurs pharmaceutiques ont également le vent en poupe. Fortune est promise à celui qui inventera le vaccin. Et puis pour ne pas mourir de faim en cas de pandémie majeure, mieux vaut avoir une bonne réserve de la célèbre Campbell’s Soup. Ses ventes et son action se sont envolées depuis le début de l’année.
A quelque chose malheur est bon!!! Avec le coronavirus, les marchés financiers nous rappellent ce vieil adage. Il y a quelque chose de rassurant dans cette opportunisme boursier, un bon présage sur la capacité du système à repartir le moment venu. Moi je crois que c’est aussi l’humour qui nous sauvera de la panique et de l’hystérie collective. Je ne résiste donc pas en conclusion de cet article à vous mettre cette photo qui a fait le tour des réseaux sociaux d’un génial commerçant belge : 2 Corona achetées = 1 Mort subite offerte.
Affaire à suivre dans nos chroniques du confinement.