Chroniques du confinement dernière semaine : histoire de masques

Dernière semaine de ces chroniques du confinement avant le déconfinement prévu pour le 11 mai. Les semaines précédentes ont été consacrées à l’organisation du déconfinement. Désormais, le compte à rebours est lancé. Pour cette dernière semaine de confinement, nous consacrons une série de chroniques aux masques de protection, indiscutablement l’objet star de toute cette période de confinement. Nous commencerons avec une chronique légère où nous faisons le pari que le masque cessera rapidement d’être blanc pour devenir l’accessoire de mode de l’été. Ensuite, nous reviendrons sur la formidable réactivité des makers et de leurs imprimantes 3D qui ont réussi à produire masques, visières et autres accessoires médicaux dépannant de nombreux hopitaux dans l’urgence. Nous terminerons avec la polémique de la semaine sur les masques dans la grande distribution et pourquoi au contraire il faut se réjouir de cette arrivée massive de masques pour tous nous protéger.

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Chroniques du confinement jour 39 : le masque accessoire de mode de l’été

Il est désormais acquis que nous allons nous devoir porter un masque pendant quelques mois. Quel changement pour un pays qui avait voté en 2010 une loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public. Ça c’était avant le coronavirus.

Enfin les masques arrivent, la pénurie semble derrière nous. Mais quoi de plus triste qu’un masque blanc immaculé. Cette situation ne pouvait durer. Les couturières solidaires qui se sont lancées dans la fabrication de masque les avaient spontanément colorés. Je vous le prédis, le masque sera le nouvel accessoire de mode de l’année. Ce florilège de masques trouvé sur Internet montre que le mouvement est déjà lancé.

Les marques ont déjà commencé à s’en emparer à commencer par les marques de luxe comme Chanel. Champions du merchandising, les clubs de football ou de basket ne pouvaient laisser passer une telle opportunité. Comme souvent en pareille occasion, les adolescents seront une cible de choix pour le masque accessoire. Des masques à l’effigie des séries Netflix Stranger Things ou la Casa de Papel existent déjà sans oublier l’incontournable masque tête de mort. On trouve déjà sur Internet des offres de masques personnalisés : idéal pour la prochaine opération commerciale aux couleurs de votre entreprise.

Et vous quel masque porterez-vous : serez-vous sobre masque blanc, sportif masque PSG, luxe masque Vuitton ou patriote masque tricolore?

Chroniques du confinement J43 : masques respiratoires, visières, pièces médicales, comment makers et imprimantes 3D ont permis de réagir à l’urgence

masque Décathlon transformé en masque pour respirateur (source Isinnova)

Depuis le début de la crise du COVID-19, les makers et leurs imprimantes 3D sont sur le qui-vive. Leur formidable réactivité a permis de dépanner les hôpitaux en urgence de tout un tas de pièce : visières, masques, pièces pour respirateurs… La transformation des masques Decathlon pour la plongée en masques pour respirateur restera le symbole de cette créativité en période de confinement. Retour sur cette étonnante histoire.

La transformation des masques de plongée Decathlon en masques pour respirateur

Le masque Easybreath de Décathlon avec son tuba intégré fait le bonheur des vacanciers amateurs de fonds sous-marins. En quelques semaines, il a trouvé une nouvelle utilité pour lutter contre le coronavirus. Cette métamorphose nous vient à l’origine d’Italie. L’épidémie de Covid-19 met sous pression les hôpitaux qui risquent de se retrouver en pénurie de masques pour les respirateurs. Un médecin le docteur Renato Favaro a l’idée de transformer un masque de plongée déjà disponible sur le marché en un masque pour respirateur à ventilation en pression positive continue pour thérapie peu intensive. Il se rapproche pour cela de la société de conseil en de conseil dans le domaine de l’ingénierie mécanique industrielle Isinnova.

Isinnova contacte alors de Décathlon créateur et fabricant du masque Easybreath. Décathlon accepte immédiatement de collaborer en fournissant les fichiers CAO (conception assistée par ordinateur) des plans du masque. Les ingénieurs d’Isinnova décortiquent et analysent le produit afin de déterminer les modifications à apporter pour le transformer. Ils développent ainsi un connecteur baptisé « Charlotte valve » immédiatement imprimé au moyen d’une imprimante 3D. L’hôpital voisin de Chiari teste alors rapidement le prototype. Le test est un succès et le personnel de l’hôpital enthousiaste. Le produit n’est certes pas homologué et doit être utilisé avec précaution mais il fonctionne.

C’est alors que tout s’emballe. Isinnova décide que le brevet de son invention sera libre d’usage et de partager le fichier pour la réalisation de la « Charlotte Valve » par impression 3D. Les communautés de makers s’emparent du sujet et l’impression 3D en masse de la « pièce magique » commence. Décathlon décide alors de suspendre la commercialisation du produit et de faire don de 30.000 masques à la France, 30.000 masques à l’Espagne et 10.000 masques à l’Italie.

L’AP-HP s’équipe d’imprimantes 3D et crée son usine interne de fabrication de pièces

L’imprimante 3D s’impose d’ailleurs comme un formidable outil de gestion de crise. L’AP-HP (assistance publique – hôpitaux de Paris) s’est ainsi dotée de 60 imprimantes 3D destinées à l’impression de matériel médical en urgence pour le personnel de santé en Ile de France. Elles ont été installées dans la salle capitulaire de l’ancienne abbaye de Port-Royal qui fait maintenant partie de l’hôpital Cochin. L’AP-HP disposera ainsi d’une véritable usine interne capable de produire de multiples objets divers en petite série de manière extrêmement réactive.

La crise du coronavirus aura indiscutablement contribué à l’accélération de la tendance des fablabs : une tendance à suivre pour l’après-crise.

 

Chroniques du confinement jour 46 : pourquoi il faut se réjouir de l’arrivée des masques dans la grande distribution

Hier la famille en confinement va faire ses courses et « ô miracle »  : les masques sont arrivés en grande quantité dans les supermarchés. Les pubs radio sur la vente à prix coûtant commencent. Le masque sera aussi le produit d’appel de l’été. Émoi des professionnels de santé qui dénoncent l’opportunisme des distributeurs et début d’une polémique bien française.

Comment se fait-il que la grande distribution ait réussi à se fournir massivement en masques quand l’état a peiné pendant de longues semaines pour fournir les soignants. Il convient pour cela d’aller en Chine. Valérie Pécresse présidente de la région Ile de France expliquait début avril comment l’approvisionnement de masques en Chine était devenu un véritable far west.  Des cow-boys américains allaient même jusqu’à acheter sur le tarmac des aéroports des lots prévus pour la France. Elle indiquait qu’elle avait réussi à obtenir des approvisionnements réguliers grâce au soutien de l’importante communauté chinoise francilienne.

Agilité et réseau, telles étaient les conditions de succès dans ce far west chinois. Il semble que les acheteurs de l’Etat équipés du code des marchés publics et inflexibles sur les délais de paiement n’étaient guère armés pour gagner cette guerre des masques. Les enseignes de grande distribution importent elles chaque année des quantités phénoménales de produits chinois. Elles disposent toutes des bureaux d’achat structurés dont le métier est de faire du sourcing massif de produits chinois. Pas surprenant qu’elles se soient montrées très performantes dans l’achat de masques. Elles ont tout simplement fait leur métier.

Il faut donc se réjouir de cette arrivée de masques dans les supermarchés. Cela permettra aux Français d’avoir un équipement en masques pour la date fatidique du 11 mai fin du confinement. La bonne question est plutôt de se demander pourquoi l’Etat ne s’est pas appuyé plus tôt sur ce savoir-faire.

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